DEFIS :
Le FILEP est né dans un contexte de répression et des libertés d’expression en danger. La preuve était la répression étatique de la première édition du festival. Ce contexte difficile a fait appel à la flexibilité des organisateurs et des festivaliers. Vu l’étendu de la répression, les activités moins importantes, comme le concert et le théâtre, ont été annulées, et l’accent était mis sur les principales activités comme le colloque et les échanges entre les professionnels des médias, qui ont été organisées en clandestinité.
Exemples de la flexibilité des organisateurs
En 2000 le CNP-NZ était occupé par les forces de l’ordre ce qui empêchait les visiteurs d’apprécier l’exposition artistique, par conséquence, l’exposition fut prolongée pour quelques semaines après le FILEP. Ainsi le public a eu l’opportunité de voir l’exposition.
En 2015 la grande majorité des activités était annulé à cause du putsch, mais la thématique du FILEP et les communications étaient reprises le 20 octobre lors de la célébration de la journée nationale de la liberté d’expression et de la presse.
A part de la répression et du contexte politique, la principale contrainte est d’ordre financier. La mobilisation des fonds reste un défi et joue sur la mobilisation des journalistes pour le FILEP. Par contre, la prise en compte du FILEP dans la planification stratégique pluriannuelle du CNP-NZ contribue à assurer une partie du budget et facilite la mobilisation par la suite.
Un autre défi se pose la gestion de temps par le comité d’organisation. Souvent la préparation du FILEP démarre tardivement et les organisateurs se « retrouvent dans une course contre la montre » (selon un membre du comité d’organisation). Par contre, pour la première édition, la préparation se faisait pendant un an. Aujourd’hui le FILEP a pris la périodicité biennale, ce qui laisse quand même assez de temps pour se reposer et enclencher de nouveau le processus d’organisation.
Un défi qui reste, est l’institutionnalisation du FILEP. Depuis la première édition les festivaliers et les organisateurs ont souhaité l’institutionnalisation du FILEP avec une coordination permanente. Malheureusement, ce n’est pas encore réalisé et le FILEP est encore fortement dépendant des financements et des partenaires du CNP-NZ.
INNOVATIONS DANS L’INTERVENTION :
Le FILEP a fait plusieurs fois la preuve des innovations. Souvent il s’agit des stratégies diplomatiques, des flexibilités dans la programmation et des stratégies innovantes de mobilisation de ressources financière et humaine.
Le FILEP lui-même est né dans l’idée de trouver des voies innovantes dans la lutte pour la liberté d’expression et la défense des droits humains. Le régime à l’époque ne laissait pas d’espace à la société civile à s’exprimer, donc il fallait trouver des nouveaux canaux et finalement la forme d’un festival a pu contourner et assurer cette place de plateforme d’expression.
D’autre part, il y a deux innovations majeures qui ont permis au FILEP de renaitre en 2007 avec une deuxième édition qui a ouvert la voie pour un festival régulier.
- La répression de la part du gouvernement a fait appel à des réflexions stratégiques pour impliquer les acteurs politique afin d’éviter les répressions à la dernière minute. Ainsi les organisateurs ont poursuivi une voie diplomatique pour convaincre le président de l’Assemblée Nationale de parrainer le festival. Une fois qu’il avait accepté, il ne pouvait plus refuser et le gouvernement ne pouvait plus réprimer le festival.
- Pour assurer une partie du financement et doter le FILEP d’une certaine marge de manœuvre, le festival était inscrit dans le premier plan stratégique du CNP-NZ qui lui accordait un financement partiel garanti. Par la suite, le FILEP consistait un élément intégrant de chaque plan stratégique pluriannuel du CNP-NZ.
Exemple d’innovation dans un contexte de répression politique
La première édition du FILEP en 2000 était prévue du 13 au 16 décembre pour rendre hommage à Norbert Zongo et tous les journalistes assassinés. Le financement n’était assuré que le 8 décembre. Il s’ajoutait à cette pression un premier signe de répression étatique, quand les autorités ont pris un décret le 6 décembre interdisant toutes les manifestations sur la voie publique. Au lieu de se décourager, les organisateurs se sont rassurés qu’aucune des activités prévues se déroulera sur la voie publique. Ainsi le festival ne peut pas tomber sous le coup de ce décret.