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Message du Comité de pilotage du CNP-NZ à l’occasion de la Journée nationale de la liberté de la presse

Distingués personnalités,
Chers doyens de la presse,

Mesdames et messieurs les consœurs et confrères de la presse nationale et internationale,
Chers invités,
Je prends la parole au nom du Comité de pilotage du Centre national de presse Norbert Zongo pour vous souhaiter la bienvenue dans cette salle baptisée au nom de Henri Sebgo. Soyez la bienvenue en ces lieux, symboles de nos luttes collectives et des sacrifices dans le combat pour la démocratie, pour la liberté d’expression et de la presse et pour tous les droits et libertés individuels. C’est pour nous rappeler ces combats et pour poursuivre la lutte et la quête perpétuelle de liberté, que nous nous retrouvons ce matin, jour de souvenir. Aujourd’hui 20 octobre 2020, nous célébrons la 23ème Journée Nationale de la Liberté de la Presse. Le 20 Octobre est le souvenir de l’acte mémorable de relecture du code de l’information obtenue après le combat mené par le Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples (MBDHP), les organisations professionnelles des Medias, avec l’appui du Professeur Joseph Ki Zerbo.

En effet, le 20 octobre 1993, fut introduite à l’Assemblée des Députés du Peuple (ADP), une pétition initiée par le MBDHP, des organisations professionnelles de médias et portée devant les parlementaires par Feu le Professeur Joseph Ki Zerbo, alors député. C’est le lieu pour nous de rendre hommage à nos devanciers et à tous les démocrates et défenseurs des droits humains qui n’ont ménagé aucun effort et sacrifice pour l’élargissement des libertés et en particulier la liberté d’expression et de la presse au Burkina Faso.
C’est aussi le lieu pour nous de jeter un regard rétrospectif sur l’environnement des médias au Burkina Faso.

L’enjeu à l’époque était d’expurger le code de l’information de 1990, des nombreuses restrictions à l’exercice de la profession de journaliste. Trente ans après, nous avons certes engrangé des acquis, mais beaucoup reste à faire. La principale leçon à tirer est que nous sommes dans un monde de perpétuel recommencement. Rien n’est jamais définitivement acquis et en matière de liberté, les acquis sont encore plus volatiles. La preuve, alors que nous comptions les acquis engrangés à travers les lois sur les médias de 2015, la loi 044-2019/AN portant modification de la loi 025-2018/AN du 31 mai 2018 portant code pénal est venue nous rappeler brusquement que tout est si fragile.
Au plan de la pratique, il y a eu également des progrès. Dans le sillage de L’Indépendant de Feu Norbert Zongo, de nombreux journaux d’investigation ont été créés apportant ainsi de la plus-value à la profession. De nombreux journaux, médias en ligne, radios et télévisions contribuent à informer qualitativement les Burkinabè. La presse burkinabè au plan purement du professionnalisme se porte bien au milieu de ses consœurs de la sous-région, voire de l’Afrique et du monde. C’est une santé qui reste tout de même relative en ce qu’elle ne doit pas nous faire perdre de vue, la nécessaire remise en cause, la soif de perfectionnement afin d’enrayer au mieux les pratiques contraires aux principes et valeurs de notre profession.

En tout état de cause, la démocratie burkinabè a besoin d’une presse de qualité. Et c’est dans la tâche que s’investie le Centre national de presse Norbert Zongo depuis plus de deux décennies. Chaque journée nationale de la liberté de la presse est pour le Centre une occasion d’engager la réflexion sur un sujet d’actualité qui touche à la vie des médias.

Le thème de cette année :’’ Le Journalisme à l’épreuve de l’éthique et de la déontologie en période électorale’’ est plus que d’actualité. Le Burkina Faso organise dans quelques semaines, précisément le 22 novembre prochain, un double scrutin, présidentiel et législatif. Les médias burkinabè abordent les élections en étant confrontés au double défi de la situation sécuritaire et sanitaire. A ce contexte difficile pour l’ensemble du pays, il faut ajouter la situation économique de plus en plus en plus précaire pour les médias et plus particulièrement la presse privée. Dans un contexte d’insécurité et de terreur généralisée, comment réussir la couverture des élections en respectant les règles d’éthique et de déontologie ? Dans un tel contexte, l’exercice même de la liberté d’expression et de la presse se trouve naturellement mis à rude épreuve. Malgré cette situation, à aucun moment, les acteurs des médias n’ont nullement courbé l’échine, encore moins renoncé à leur devoir d’informer les populations, d’interpeller les autorités politiques et sécuritaires. Cette volonté de garder le cap de la liberté d’expression et de la presse dans un Burkina Faso qui a toujours su en payer le prix, s’est traduite en 2020 par des actions multiformes de lutte au niveau des medias Publics et des medias privés. Des actions qui ont été suivies d’une répression disproportionnée : tracasseries de tous genres, expulsion de centaines de travailleurs hors des medias publics, mise à pied et chômage technique de travailleurs des medias privés… En cette journée de défense de la liberté d’expression, nous interpellons les autorités pour une résolution de la crise au sein des medias.

A quelques jours seulement de l’ouverture de la campagne électorale en vue des élections couplées présidentielles et législatives, nous exhortons les journalistes à se mettre au-dessus de la mêlée.
La réussite de notre mission en ces périodes de passion, de course effrénée vers le pouvoir repose sur le respect des règles d’éthique et de déontologie. C’est la seule boussole que nous avons à mettre à votre disposition. Et c’est pourquoi, je ne peux terminer ce message sans vous inviter à avoir une oreille attentive pour le panel qui va s’ouvrir tout de suite. Je remercie d’avance nos panélistes qui ont acceptés prendre de leur temps pour venir aiguillonner les journalistes, les reporter-électoraux et analystes politiques pour les préparer et les aguerrir avant l’ouverture du front que nous espérons sera pacifique. A tous les confrères, aux différents partis politiques et candidats, aux électeurs et à tout le vaillant peuple burkinabè, nous souhaitons de vivre des élections apaisées, transparentes et crédibles, au vrai sens des termes et non selon le vocabulaire diplomatique des observateurs internationaux, afin que le Burkina Faso soit le véritable vainqueur de ces élections à l’issue des résultats.
Vives des élections transparentes et crédibles !
Vive la démocratie !
Vive la liberté d’expression et de la presse !
Pour le Comité de Pilotage
Le Président