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Suspension des émissions interactives: Les professionnels des médias conseillent au CSC de lever sa mesure

Suspension des
émissions interactives

Les professionnels des
médias conseillent au CSC de lever sa mesure dans les meilleurs delais

Plusieurs organisations
professionnelles des médias, à la suite d’une rencontre avec le Conseil supérieur
de la communication (CSC), le vendredi 15 mai 2015 au Centre national de presse
Norbert Zongo, ont demandé la levée de la décision suspendant pour trois mois
les émissions d’expression directes sur toutes les radios et télévisions, prise
par le CSC il y a une semaine.

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Vue des représentants des SOPP dans la salle du CNP-NZ


La délégation du Conseil supérieur de la communication, représentée
par Jean de Dieu Vokouma, conseiller et le directeur de cabinet de la
présidente du CSC, Nouhoun Tanou, a expliqué qu’elle est venue recueillir des « propositions concrètes » auprès des
représentants des organisations professionnelles des médias, suite aux tensions
nées de la décision du Conseil de suspendre pour trois mois « les émissions d’expressions directe sur les
radiodiffusions sonores et télévisuelles
 » depuis le 6 mai dernier.
« On souhaiterait qu’au
plus tard lundi, la mesure soit levée et qu’en ouvrant les radios on entende
les populations apprécier la situation nationale
 », a lancé Justin
Coulibaly, président du comité de pilotage du Centre national de presse Norbert
Zongo (CNP-NZ) à l’endroit de la délégation.  
Les organisations représentées à cette rencontre dont l’Association
des journalistes du Burkina (AJB), le Syndicat autonome des travailleurs de l’information
et de la culture (Synatic), la Société des Editeurs de la presse privée (SEP)
etc., ont unanimement « proposé » de lever la mesure punissant collectivement l’ensemble
des radios et télévisions du Burkina Faso, avant tout autre discussion visant à
chercher des solutions aux dérives constatées lors des émissions interactives.
Elles n’ont pas manqué de réitéré leur désapprobation face à
la mesure du CSC. « Ça m’a rappelé cette
approche militaire où lorsqu’une seule personne commet une faute, c’est tout le
monde qui est sanctionné
 » a fait comprendre Jean Claude Méda, président d’honneur
de l’AJB et membre du comité de pilotage du CNP-NZ. Il a aussi rappelé que le
CSC n’a pas usé de son pouvoir de contrainte avec parcimonie et a perdu de vue
une de ses  missions qui est de promouvoir
la liberté de presse.

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Les deux responsables du CSC au cours des échanges

Pour Boureima Ouédraogo de la SEP, la mesure du CSC constitue
un précédent « extrêmement dangereux » puisqu’elle
sanctionne a priori. Elle rend la tâche plus compliquée pour le CSC à l’avenir
car même les fautifs n’accepteront plus facilement une sanction émanant du CSC,
note pour sa part le gestionnaire du CNP-NZ.
La délégation du CSC est repartie du Centre de presse avoir pris
« bonne note ». Elle a promis de
transmettre fidèlement les propositions des organisations professionnelles des
médias au Conseillers du CSC.
« Nous partons avec en
tête que vous avez demandé la levée de la sanction. C’est véritablement ce que
nous allons transmettre aux conseillers
 » a rassuré Jean de Dieu Vokouma, l’un
des signataires de la décision contestée du CSC.
Le directeur de Cabinet de la présidente du CSC a rectifié qu’il
ne s’agissait pas d’une sanction mais d’une mesure. « La mesure était difficile à prendre, mais elle a été prise. Nous allons
transmettre fidèlement votre proposition et le Conseil statuera
 », a-t-il
dit.
C’est au cours d’un conseil extraordinaire le 6 mai 2015 que
le CSC a décidé de suspendre pour trois mois les émissions d’expression directes
sur les radios et les télévisions locales, à l’exception des émissions à
caractère ludique, culturel et sentimental ainsi que les programmes axés sur la
santé.
Il déclarait avoir observé de nombreux dérapages sur les émissions
incriminées et motivait sa décision par le souci d’assurer un climat apaisé et
propice à la cohésion sociale en cette période sensible de la vie de notre pays.
Mais de nombreuses organisations de la société civile avaient
immédiatement protesté contre cette mesure. La coalition nationale de lutte
contre la vie chère, (35 syndicats et associations) avait dénoncé un « bâillonnement du peuple », un « retour insidieux des régimes d’exception ».
L’Association des journalistes du Burkina Faso s’était également
remontée contre cette « atteinte grave à
la liberté d’expression
 » et demandé aux conseillers de lever « purement et simplement » cette
décision. Sa position a été appuyée par 13 organisations professionnelles des
médias qui, dans une déclaration le 11 mai 2015, ont exigé la levée sans délai
de cette mesure tout en menaçant d’user d’autres voies pour se faire entendre.
En outre, elles avaient exprimé leur disponibilité à
accompagner le CSC en vue d’un meilleur encadrement des émissions d’expressions
directes. Car elles n’ont pas occulté les dérives dont parle le CSC. La rencontre
de ce vendredi soir a permis de comprendre davantage que la proposition de ces
organisations d’accompagner le CSC ne sera possible qu’avec un climat apaisé
consécutif à la levée de la mesure du 6 mai 2015.
Aimé Mouor KAMBIRE