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Ouezen Louis Oulon: Le journalisme dans les veines

Entre le journalisme et lui, « c’est une histoire de passion ». Et c’est tout fièrement qu’il affirme, « c’est le seul métier que je sais pratiquer au monde ». Ouezen Louis Oulon, bien connu de l’auditoire burkinabè, africain et même mondial est tombé amoureux de ce métier de scribouillard dès ses premiers pas à l’école primaire. Alliant professionnalisme et chance, il a gravi des échelons, goûté aux plats exquis de l’excellence et sert toujours des générations entières. Voyage dans le jardin secret d’un directeur professionnellement… « emmerdant ».

A la question de savoir comment il est venu au journalisme, sa réponse sonne comme une confession de foi : « J’ai pris goût et envie de pratiquer le journalisme depuis l’école primaire. Je ne suis pas venu au journalisme parce que je cherchais de l’emploi et que et c’est ça qui s’est présenté devant moi. Je dirai que c’est le seul métier que je sais pratiquer au monde. » Cette réponse explique- t- elle entièrement son succès dans le métier ? Certainement. Bien qu’ayant choisi le journalisme depuis l’enfance, le scénario de l’idylle a pris une autre tournure dès l’entame des études supérieures. Admis au baccalauréat série D, Ouezen Louis Oulon est orienté “de force” en anglais par manque d’école de formation en journalisme au Burkina. C’est l’épreuve la plus difficile de sa vie. « … l’école burkinabè n’offrait pas en ce moment la possibilité de former des journalistes. Il fallait avoir une bourse pour aller se faire former ailleurs et nous on ne pouvait pas l’avoir parce qu’on est enfant de pauvre », se souvient- il.

Mais un matin Oulon découvre une affiche qui annonçait l’ouverture d’une école de journalisme sur place. Une merveilleuse nouvelle ! Il se dirige directement vers le bureau où il est censé avoir plus d’informations. A la porte dudit bureau il est écrit “interdit aux étudiants”. Mais courageusement le jeune aspirant frappe à la porte. « … le monsieur me dit “oui entrez”. Je lui ai dit que j’étais intéressé par l’annonce du test et que je vais ramener la demande le lendemain. Il me dit que je peux remplir la demande toute suite dans son bureau. J’ai rempli, j’ai pris part au test et ça’ a marché », relate l’actuel directeur de Radio Burkina. Auteur de reportages et d’émissions croustillants, il remporte plusieurs prix sur les plans national et international. Sans secret. « Il n’y a pas de secret en journalisme. Il faut de la passion et de la chance ; et cette chance ce sont des dons comme la voix ». Pour lui le journalisme est une science et il faut simplement appliquer les règles apprises à l’école de journalisme.

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Ses succès ont fait de lui un label. Il en est conscient et se bat pour le demeurer. « J’ai mis mes productions dans une logique continuelle de ma vie, c’est- à- dire que si je décide de traiter un sujet, je le fais très bien. Je suis toujours dans cette dynamique afin qu’on n’ait pas un haut et un bas », affirme Oulon. Aujourd’hui promu à la tête de la direction de la radiodiffusion nationale du Burkina, c’est tout naturellement qu’il s’efforce d’imprimer ce label qualité à toute la maison. Et pour cela il est très… emmerdant. « La culture de l’excellence ne se limite plus au label Ouezen Louis Oulon mais s’applique à l’organe ».

« Dès qu’on m’appelle pour dire, sur ta radio on a entendu ça, ma tête est grosse. C’est ce qui fait que je suis emmerdant. J’emmerde les journalistes mais c’est positif. Je n’attends pas une conférence de rédaction pour dire à un journaliste qu’il a mal fait son boulot, mais je le dis avec élégance ».

De ses confrères Ouezen Louis se garde de les juger car ce rôle revient au public même s’il reconnaît le dynamisme et le caractère pluriel de la presse burkinabè. Mais entre deux phrases, Oulon relève quand même des coquilles : « il faut qu’il y ait un peu de professionnalisme dans ce que nous faisons. Il y a beaucoup de coquilles que l’on relève dans les productions mais ensemble, j’espère que nous allons travailler à permettre aux jeunes qui viennent dans le métier d’être excellents dans ce qu’ils font ».

Malgré ses nouvelles responsabilités de directeur de la radio, M. Oulon avoue n’avoir pas abandonné le micro. « Je resterai toujours journaliste », foi de Ouezen. En tant que directeur il se voit plutôt comme un manager de média. « C’est une nouvelle expérience, c’est très fatiguant parce qu’il faut orienter, concevoir et même parfois descendre dire aux gens ça ne se fait pas comme ça », dévoile- t- il son nouveau cahier de charges.

Bien que confortablement assis sur son fauteuil de directeur, il est conscient d’une chose : « Ce sont des fauteuils éjectables, on est assis aujourd’hui, demain on n’est pas assis. Mais au moins on dira quand un tel était là ce n’était pas comme ça ». Ainsi donc, depuis son accession à la tête de Radio Burkina, toutes les actions du directeur Oulon n’ont de cesse de viser le label qualité qui va à son sens servir à des générations. Sa devise exprime son entière volonté : « Le label qualité, le professionnalisme ou rien ».

Koundjoro Gabriel Kambou