Halte aux attaques
contre les médias et les journalistes !
Depuis le 16 septembre 2015 et la prise d’otage du
Gouvernement burkinabè par le Régiment de Sécurité Présidentielle (RSP), on
assiste à une violation sans précédent des libertés de manifestations, de
rassemblements et de réunions et singulièrement de celle de la liberté de la
presse par le Conseil national pour la démocratie (CND) dirigé par le général
Gilbert DIENDERE.
Les médias et les journalistes sont leurs cibles privilégiés.
Du fait de l’insécurité généralisée instaurée par le Général DIENDERE et sa
milice, les journalistes burkinabè sont dans l’impossibilité d’accomplir leur
mission d’informer. A ce jour, les faits de saccages de médias, de
confiscations de matériels de travail des journalistes et d’intimidations
diverses sont légions.
Sans être exhaustif, nous avons dénombré des attaques contre
les médias et contre les journalistes.
S’agissant des médias, on peut citer :
–
l’arrêt
des émetteurs de plusieurs radios à travers le pays ;
–
l’incendie
d’engins à la radio Oméga FM à
Ouagadougou ;
–
l’enlèvement
du matériel de la radio Savane FM (émetteur y compris) à Ouagadougou ;
–
le
saccage et l’incendie de la radio Laafi
à Zorgho (à une centaine de Km à l’est de Ouagadougou) ;
–
la
violation des locaux de la télévision BF1
à Ouagadougou ;
Concernant les journalistes, nous pouvons relever :
–
le
passage à tabac d’un photographe du journal en ligne Lefaso.net et d’un journaliste du journal en ligne Burkina24.com dans les locaux de la
télévision BF1 ;
–
l’agression
physique d’un journaliste du quotidien Sidwaya
et le saccage de son appareil photo ;
–
le
correspondant du quotidien Sidwaya à
Bogandé touché par balle à Ouagadougou ;
–
l’agression
physique du Directeur Général des Editions Le
Pays à Ouagadougou ;
–
les
menaces et intimidations à l’endroit de plusieurs journalistes ;
–
la
surveillance des domiciles et des lieux de travail de plusieurs
journalistes ;
Au regard de la chape de plomb, certains médias ont fermé
leurs locaux.
L’Association des Journalistes du Burkina (AJB), la Société
des Editeurs de Presse Privée (SEP) et le Syndicat Autonome des Travailleurs de
l’Information et de la Culture (SYNATIC) regroupés au sein du Centre National
de Presse Norbert Zongo (CNP-NZ) prennent l’opinion nationale et internationale
à témoin de cette répression féroce et barbare qui s’abat sur les médias et les
journalistes burkinabè. Nous voudrons surtout attirer l’attention de la
Communauté internationale qu’au moment où elle entame des négociations avec le
Général DIENDERE et ses miliciens du RSP, ceux-ci s’emploient à bâillonner les
médias. Jamais dans ce pays, une telle barbarie ne s’est abattue sur les médias
et de leur animateurs, même sous le règne de Blaise Compaoré, le maître du
Président du CND.
Pourtant le CND du Général DIENDERE, dans son communiqué de
prise de pouvoir du 17 septembre 2015 motive son coup d’Etat par les lois
récentes sur la presse qui selon elles bâillonnent les journalistes. Tout comme
il parle de démocratie en autorisant ses miliciens à réprimer dans le sang les
manifestants contre sa forfaiture, il utilise les lois de la presse pour
justifier l’injustifiable. Les organisations professionnelles des médias
dénoncent et rejettent cette tentative de récupération opportuniste et
politicienne de leur légitime lutte pour une presse débarrassée de peines
privatives de liberté avec des amendes supportables pour les médias.
Elles dénoncent et condamnent fermement cet acharnement
brutal contre les médias et les journalistes.
Elles mettent en garde le CND contre son dessein funeste
d’étouffer la presse.
Les organisations professionnelles des médias rappellent au
CND que tout régime qui a pour finalité le bâillonnement de la presse se rend
inévitablement coupable de violations massives de droits humains et bascule
dans la dictature.
Elles exhortent les hommes de médias à rester mobilisés pour
barrer la route à cet assassinat de la liberté par le CND. Elles les exhortent
à s’associer à toutes les luttes engagées par notre peuple pour le rétablissement
de l’ordre institutionnel d’avant putsch.
Les organisations professionnelles des médias tiennent, le
Président du CND et tous ses collaborateurs responsables de toutes les dérives
contre les médias. En tout état de cause, elles se donneront les moyens de
faire barrage à cette offensive contre la liberté de presse.
Trop de menaces pèsent sur les médias et les journalistes
burkinabè et les organisations professionnelles des médias attirent l’attention
des burkinabè et du monde entier que cela rend leur travail impossible.
Ouagadougou, le 19
septembre 2015
Ont signé :
–
Le
Centre National de Presse Norbert Zongo (CNP-NZ)
–
L’Association
des Journalistes du Burkina (AJB)
–
La
Société des Editeurs de Presse Privée (SEP)
–
Le
Syndicat Autonome des Travailleurs de l’Information et de la Culture (SYNATIC)