Déclaration de l’AJB et du SYNATIC sur la sécurité des journalistes au Burkina Faso
Les journalistes des médias publics et privés du Burkina Faso font face ces derniers temps à de tracasseries diverses, de menaces dans la recherche et le traitement de l’information, des violations de leurs lieux de travail.
Les récents évènements en témoignent :
– le cambriolage le 16 août 2014 du siège bimensuel « complément d’enquêtes » ;
-le cambriolage le 31 juillet 2014 du siège du Bimensuel « L’Evènement » ;
-le cambriolage du siège de l’hebdomadaire « L’Opinion », le 10 février 2014.
Lors de ces cambriolages, les outils de travail des journalistes sont les plus prisés (ordinateurs, tablettes, clefs USB, appareils d’enregistrement, appareils photo).
Les médias publics et privés connaissent également d’autres types de menaces :
- l’immixtion grossière et continue des autorités du ministère de la Communication dans le traitement de l’information, dénoncée par les organisations professionnelles des medias depuis juillet 2013 ;
- la descente musclée d’une escouade de policiers à Radio Pulsar, une radio privée émettant à Ouagadougou, le 13 août 2013 ;
- l’interpellation et l’embarquement dans un véhicule de police, d’un reporter de BF1 une télévision privée émettant à Ouagadougou le 13 mai 2013, où il a été « accablé » d’injures et de menaces ;
Ce sont là de graves remises en cause de la liberté de la presse et d’opinion, la sécurité des journalistes et celle de leurs outils de travail.
Ce climat d’insécurité intervient dans les situations de tensions socio-politiques. Le Burkina Faso est, en effet, confronté aux débats sur la révision de l’article 37, la tenue d’un référendum pour lever la limitation du nombre de mandats présidentiels pour autoriser le président Blaise Compaoré à postuler à un autre mandat et la mise en place d’un sénat. Sur ces questions, deux camps s’opposent et les médias sont en première ligne.
L’assassinat du juge constitutionnel Salifou Nébié le 24 mai 2014 et l’explosion d’engins dans le quartier Larlé de Ouagadougou ayant entrainé cinq morts officiellement, de nombreux blessés et d’importants dégâts matériels le 15 juillet dernier, suscitent des interrogations au sein de la population, ces temps-ci ; les medias, bien entendu, relayent ces informations. Ces menaces et cambriolages ont-ils un lien avec les activités professionnelles des intéressés ?
Le rédacteur en chef du journal l’Evénement Newton Ahmed Barry le pense. Il énumère une série d’actes attentatoires à son travail de journaliste d’investigation, et dénonce la menace qui plane sur son intégrité physique et morale.
L’Association des journalistes du Burkina (AJB) et le Syndicat autonome des travailleurs de l’information et de la culture (SYNATIC) :
- dénoncent et condamnent le climat d’insécurité ambiante néfaste à l’exercice de la profession de journaliste ;
- interpellent les autorités publiques à instaurer un climat de sécurité effective pour les journalistes dans l’exercice de leur profession, sur leur lieu de travail et leurs outils de travail ;
- exigent que les plaintes déposées pour cambriolage soient examinées avec diligence et les auteurs, punis conformément à la loi ;
- tiennent l’Etat pour responsable de la sécurité des journalistes au Burkina Faso ;
- exigent en particulier que les mesures idoines et diligentes soient prises pour assurer la sécurité physique et morale de Newton Hamed Barry, rédacteur en chef du journal l’Evénement et de tout journaliste inquiété dans l’exercice de ses fonctions.
La sécurité du journaliste burkinabè est garantie par la Constitution et le Code de l’information du Burkina Faso. Il appartient donc aux autorités de prendre les mesures pour faire bénéficier aux journalistes cette garantie constitutionnelle.
Fait à Ouagadougou le 19 août 2014
Ont signé
Le Secrétaire général
du SYNATIC
Justin COULIBALY
Le président de l’AJB
Jean Claude MEDA