13 décembre 1998, 13 décembre 2020. Voilà 22 ans que le journaliste Norbert Zongo, Directeur de Publication de l’Indépendant et Président de la Société des éditeurs de presse privée (SEP) et ses 3 compagnons d’infortune à savoir, son frère Ernest Yembi Zongo, son ami Blaise Ilboudo et son chauffeur Abdoulaye Nikièma dit Ablassé ont été lâchement assassinés puis brûlés à quelques encablures de Sapouy, localité située à une centaine de kilomètres au sud de Ouagadougou. {{}}
22 ans après, les familles des victimes, les défenseurs des droits humains ainsi que tous les Burkinabè épris de justice et de liberté attendent que la lumière soit faite sur ce crime odieux. Malheureusement, la justice tarde à mettre un terme à 22 ans de cavale pour les criminels sans foi ni loi, qui continuent de caresser le maléfique rêve de voir le dossier définitivement enterré.
Ainsi donc, nous avions passé 22 ans à rechercher ce que le commun des mortels voit. Que dirait le poète en ce 22e anniversaire de ce crime odieux ? Il écrirait assurément :
22 ans à courir derrière une justice dite indépendante !
22 ans à battre le macadam pour exiger que des criminels soient punis à la hauteur de leur forfaiture !
22 ans de larmes !
22 ans de cris !
22 ans de pleurs !
22 ans de supplice !
22 ans de mépris pour le peuple combattant !
22 ans de silence coupable !
22 ans d’injustice !
22 ans d’impunité !
22 ans de frustration !
22 ans de questionnements !
22 ans de tentative de nous faire oublier le dossier !
22 ans à déposer des gerbes de fleurs sur des tombes !
22 ans à produire des déclarations !
22 ans à interpeller !
22 ans à supplier des Hommes en robe noire pour qu’enfin les auteurs et commanditaires qui ont perpétrés l’abominable crime de Sapouy soient démasqués !
Faut-il désespérer de notre justice qui 6 ans après l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, a du mal à boucler ce dossier ? Même quand tout semble s’y prêter, il n’est point possible de céder au découragement et au désespoir. Le combat doit se poursuivre jusqu’à la victoire finale. Autrement, l’on risque de proclamer la victoire des fossoyeurs de la liberté. Plus que jamais, nous devrons restés vigilants.
Nous réaffirmons ici, 22 ans après, que le peuple burkinabè doit rester plus que jamais déterminé et engagé à poursuivre le combat. Tant que justice ne sera pas rendue à Norbert Zongo et à ses compagnons, il faut continuer à troubler le sommeil et la quiétude des juges en leur rappelant notre volonté inébranlable de voir ce dossier jugé.
Nous avions espéré qu’avec la promesse faite par le Président français Emmanuel Macron, en novembre 2017, ici même à Ouagadougou, de tout mettre en œuvre pour faciliter l’extradition de François Compaoré, frère cadet de l’ancien président Blaise Compaoré, l’un des suspects sérieux dans cette affaire, le dossier Norbert Zongo serait derrière nous. Mais hélas, voilà 3 ans que nous attendons. Macron a-t-il finalement oublié sa promesse ? Sommes-nous tentés de nous interroger. Faut-il croire que la France, pays des droits de l’Homme a décidé de garder sur son territoire, un homme suspecté d’avoir commis un tel crime odieux ? Pourquoi le Conseil d’Etat français traine- il les pieds ? Pendant combien de temps les veuves et les orphelins doivent-ils encore attendre ?
Il faut le dire tout net : l’une des conséquences de l’impunité dans le dossier Norbert Zongo ainsi que de tous les autres crimes crapuleux impunis dans ce pays, est la recrudescence de la violence et des menaces régulières dont sont victimes certains journalistes et défenseurs de la liberté d’expression et de la presse et des travailleurs. Les assoiffés du sang, constatant que la justice burkinabè est incapable de faire la lumière sur certains dossiers pensent qu’ils peuvent impunément continuer à inquiéter les hommes et femmes de la plume, du micro et de la caméra. Mais c’est peine perdue. Car, notre conviction est toute faite que le peuple burkinabè prendra toujours ses responsabilités et constituera un bouclier pour les défenseurs de la liberté d’expression et de la presse, de la démocratie et de l’Etat de droit.
En ce 22 e anniversaire du quadruple assassinat de Sapouy, notre pensée va à l’endroit des veuves et des orphelins de cette barbarie. Séchez vos larmes, car, en attendant le tribunal de Dieu et celui de la conscience, le tribunal des vivants finira par leur rendre justice, tôt ou tard.
Le CNP-NZ exhorte le peuple burkinabè et l’ensemble des combattants pour la liberté, la démocratie et l’Etat de droit, en Afrique et dans le monde à ne point baisser les bras.
Du reste, pour paraphraser l’inter-syndical des magistrats, nous disons que ‘’l’histoire sait recenser les faits et les gestes de chacun, en bien ou en mal, et les mettra un jour à son actif ou à son passif’’. Le CNP-NZ pour sa part apportera toujours son soutien aux juges intègres et désireux de faire jaillir la lumière sur cette affaire. Ensemble, nous devons plus que jamais raffermir notre engagement afin que justice soit rendue à Norbert Zongo et à ses compagnons d’infortune, aux martyrs de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 et de la résistance populaire au coup d’Etat de septembre 2015 et à l’ensemble des victimes de crimes de sang.
µNous ne devons nullement nous coucher, car, si nous nous couchons, nous sommes morts, exhortait le Professeur Joseph Ki Zerbo. Débout, il est sûr que le peuple parviendra tôt ou tard à la victoire finale.
Naan Laara, an sara !
Fait à Ouagadougou le 13 décembre 2020
Le comité de pilotage du Centre national de Presse Norbert Zongo