Le FILEP, une plateforme internationale de synergie entre journalistes africains, société civile et défenseurs des droits humains pour la promotion de la liberté d’expression et de la presse.
RÉSUME DU CAS
Le Festival International de la Liberté d’Expression et de la Presse, le FILEP, est aujourd’hui une des plus grandes rencontres entre les hommes et femmes des médias et les défenseurs des droits humains en Afrique.
Après 18 ans, 7 éditions et des changements politico-sociaux profonds, le FILEP a su s’imposer au niveau national et international, à créer un réseau et une plateforme qui améliore la protection des journalistes, à veiller sur les dangers pour la liberté de la presse et à renforcer les acquis de la lutte pour les droits humains.
CONTEXTE
C’est dans un contexte de répressions contre les défenseurs des libertés de la presse et des droits humains que le FILEP est né.
Les assassinats des journalistes comme le burkinabè Norbert Zongo et le nigérian Dele Giwa alimentent les débats sur la protection des journalistes et sur l’impunité. Cette situation d’une liberté de presse en danger, partagé avec d’autres pays de la sous-région, a permis d’enclencher un ensemble de processus visant à renforcer la défense de la liberté d’expression et de la presse, dans lequel le FILEP a vu le jour.
Frustré par la volonté faible des hommes et femmes de média de voir la justice se faire, mais déterminé de changer la situation, le CNP-NZ, le MFWA ( Media Foundation For West Africa) et le MBDHP( Mouvement Burkinabè des Droits de l’Homme et des Peuples) lancent le Festival International pour rendre hommage aux journalistes assassiné et pour renforcer la défense des droits et libertés fondamentaux en 2000 sous des conditions très difficiles et répressives.
C’est par la suite grâce à une stratégie diplomatique et un financement assuré en partie qui a permis au FILEP de renaitre en 2007 et prendre un format périodique biennal.
DESCRIPTION
Tenant compte du contexte, dans lequel le FILEP est né, l’objectif initial était de renforcer la protection des journalistes et rendre hommage aux journalistes assassinés. Pour atteindre ces objectifs, il fallait renforcer le réseautage entre les journalistes africains et défendre les droits humains, surtout la liberté de l’expression et de la presse.
En effet, la violation des droits humains et des répressions contre la presse et la société civile étaient connus dans tous les pays africains même si à des degrés différents. Conscient, que la liberté de la presse n’est jamais un acquis, le défi d’une défense et renforcement continu des droits humains se posait. Pour cela, il fallait renforcer les liens entre les acteurs du monde des médias et ceux de la société civile. Ce qui manquait à l’époque, c’était un cadre africain, une rencontre périodique qui puisse créer un réseau d’information, de partage et de protection au niveau du continent africain. Le FILEP arrive à combler des vides dans la défense des droits humains, notamment ces distances entre les journalistes et les universitaires, ces distances entre les médias et la société civile, et ces écarts entre les acteurs locaux et internationaux.
Le Burkina Faso vers la fin des années 1990 était marqué par un régime réprimant et un monde des médias divisé. Ainsi, la société civile, notamment le Collectif de lutte contre l’impunité, cherchait de nouveaux canaux pour s’exprimer. L’assassinat de Norbert Zongo et ses compagnons agit comme un levier pour les acteurs de la liberté de la presse. Alors, le MBDHP, le MfWA et le CNP-NZ se sont réuni et ils ont trouvé le format approprié pour leur engagement dans la défense des droits humains : un festival international qui rassemblerait des acteurs des médias et des droits humains à travers l’Afrique, le Festival International de la Liberté d’Expression et de la Presse.
Après une première édition en 2000 fortement réprimée mais réalisée dans la clandestinité, il fallait attendre 2007 et un plan stratégique pluriannuel qui permettait au FILEP de prendre sa forme biennale.
Aujourd’hui, le FILEP constitue une des rencontres la plus importante pour les journalistes d’Afrique et sais mobiliser des intervenants importants pour échanger sur les thématiques d’actualité.
Le FILEP, depuis sa première édition s’organise toujours selon un programme similaire avec des thèmes d’actualité.
Le tableau 1 montre les différentes éditions, les thèmes et le nombre de pays participants.
| Année | Thème | Pays participants |
| 2000 | « Liberté d’expression et de la presse » 1ère édition | 21 pays |
| 2007 | « Sauver la liberté d’expression et de la presse pour renforcer la démocratie » | 27 pays |
| 2009 | « De Windhoek 1991 à Ouagadougou 2009 : Bilan et perspectives de la liberté de la presse et d’expression en Afrique » | 34 pays |
| 2011 | « Média, élections démocratie et gouvernance en Afrique » | 30 pays |
| 2013 | « Médias et panafricanisme, 50 ans après ! » | 35 pays |
| 2015 | « Médias et changements politiques en Afrique : quelle contribution ? » | 39 pays |
| 2017 | « Défis sécuritaires en Afrique : rôle et responsabilité des médias » | 41 pays |
Tableau 1: Résumé des 7 éditioins du FILEP
| « C’est le festival le plus grand et plus important pour la liberté d’expression sur le continent africain. C’est un carrefour qui permet au peuple burkinabè de partager et contribuer au renforcement de la protection d’une des libertés les plus grandes en Afrique : la liberté d’expression, la liberté de la presse, l’indépendance des médias. » Participant de l’Afrique du Sud, 54 ans |
| « Je participe à toutes les éditions du FILEP depuis 2007 car il s’agit du meilleur rendez-vous des professionnels des médias à l’échelle du continent africain. » Journaliste algérien, 50 ans |
Les composants récurrents du FILEP sont les suivants :
| Activité | Lieu | Participants | Objectifs |
| Colloque | CBC | Professionnels des médias, OSC, universitaires | Echanges professionnelles thématiques, rédaction des recommandations pour un plaidoyer concerté |
| Projections-débats | CNP-NZ | Grand public | Rapprocher les journalistes du public |
| Visite des lieux de l’affaire Norbert Zongo | Cimetière de Gounghin Sapouy | Sous inscription | Plaidoyer, hommage à Norbert Zongo et tous les journalistes assassinés |
| Exposition photos et caricatures | CNP-NZ | Cartoonist et photographes | Exposition des photos et caricatures concernant le thème du FILEP, primes pour les meilleures œuvres, promotion de l’art comme outil de liberté d’expression |
| Remise de prix Norbert Zongo et de la meilleure journaliste | Journalistes en compétition, autorités, personnes ressources | Soirée Gala, promotion de la profession | |
| Concert | Salle/lieu de concert | Artistes burkinabè et internationaux | Invitation des artistes pour fêter la liberté d’expression, rapprocher le FILEP aux citoyens |
Tableau 2: Un programme-type insipré par l’édition 2017
Les invités de haut niveau ainsi que des artistes internationalement reconnus ont contribué à la crédibilité et la visibilité du festival.