La liberté de presse est à rude épreuve au Burundi depuis l’annonce de la candidature du président Pierre Nkurunziza à un troisième mandat le 25 avril 2015.
En effet, depuis plus de trois semaines, les médias burundais sont l’objet d’acharnement par les pouvoirs publics burundais et les opposants à un troisième mandat pour le président Nkurunziza. Ces attaques contre la presse se sont accentuées, lors de la tentative de coup d’Etat le 13 mai 2015, par l’attaque à l’arme lourde et l’incendie de radiodiffusions progouvernementales et privées.
Ainsi, le 14 mai 2015, les putschistes ont tenté, pendant plusieurs heures, de prendre le contrôle du siège de la Radio Télévision Nationale du Burundi (RTNB), fortement gardée par les militaires loyalistes.
A ce jour à Bujumbura la capitale, mis à part la RTNB, aucun média ne parait ni n’émet ; cinq (05) des six (06) radios les plus suivies dans le pays ont été incendiées ou saccagées par les partisans des deux camps.
La « Radio Publique Africaine (RPA) », accusée d’inciter à l’insurrection avait été fermée par le pouvoir le 27 avril 2015. Elle a repris ses programmes le 13 mai et a été attaquée et incendiée dans la nuit du 13 au 14 mai par des partisans du président Nkurunziza.
La « Radio-Télévision Renaissance » a subi le même sort au cours de la même nuit. Les radios « Bonesha FM » et « Isanganiro » ont elles, été saccagées. La radio privée progouvernementale « Rema FM » a été incendiée par les manifestants dans la soirée du 13 mai.
Des confrères ont été molestés, blessés lors des attaques contre ces cinq (05) organes de presse !
Les journalistes des radios saccagées sont interdits d’accès aux locaux ravagés par les flammes. Comble du cynisme, une enquête, sur le comportement des médias incendiés durant les manifestations, a été diligentée par le président qui a du reste mis en garde les médias contre les informations « encourageant l’insurrection » !
Quelques mois avant ces évènements, la presse burundaise était déjà soumise à rudes épreuves : suspensions d’émissions, fermeture de la Maison de la Presse, fermeture de radios, arrêt des émetteurs relai, blocage des médias sociaux et des services de messageries, harcèlements et intimidations de journalistes, violences sur les journalistes, etc.
A l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse le 3 mai 2015, les organisations professionnelles des médias du Burundi rappelaient à juste titre que « tous les journalistes [du public ou du privé] ont le droit de faire leur métier ». Hélas !
A l’évidence, les pro et anti Nkurunziza ont développé un appétit liberticide pour les médias burundais qui sont ainsi victimes de la bataille pour le contrôle de l’information. Même en temps de crise, le droit du public à une information libre et indépendante doit être garanti !
C’est pourquoi, le Centre National de Presse Norbert Zongo (CNP-NZ), composé de l’Association des Journalistes du Burkina (AJB), de la Société des Editeurs de Presse privée (SEP) et du Syndicat Autonome des Travailleurs de l’Information et de la Culture (SYNATIC) :
- dénonce les atteintes graves et ignominieuses perpétrées contre la liberté d’expression et de presse par le régime burundais ;
- condamne cette volonté du pouvoir de réduire les médias au silence ;
- s’indigne du traitement que les autorités et les opposants au président Nkurunziza infligent aux confrères burundais ;
- exprime son soutien et sa solidarité pleine et entière aux journalistes burundais.
Au regard de la tragédie que vit la presse burundaise, le CNP-NZ :
- appelle les autorités burundaises à mettre fin aux attaques contre les médias et les journalistes ;
- exige la réouverture immédiate de toutes les radios privées et le rétablissement de leurs émetteurs relai à l’intérieur du pays ;
- invite l’Union Africaine et la communauté internationale à faire pression sur le pouvoir burundais afin qu’il mettre un terme aux atteintes à la liberté d’expression et de presse.
Ouagadougou, le 22 mai 2015
Pour le Comité de Pilotage du CNP-NZ
Le Président
Justin COULIBALY