Tous les ans, la Journée mondiale de la liberté de la presse permet de célébrer les principes fondamentaux de la liberté de la presse, d’évaluer la liberté de la presse à travers le monde, de défendre l’indépendance des médias et de rendre hommage aux journalistes qui ont perdu leur vie dans l’exercice de leur profession. Le 3 mai a été proclamée Journée mondiale de la liberté de la presse par l’Assemblée générale des Nations Unies en 1993, suivant la recommandation adoptée lors de la vingt-sixième session de la Conférence générale de l’UNESCO en 1991.
Ce faisant, les Nations Unies et l’UNESCO ont répondu favorablement à l’appel des journalistes africains plus connu sous l’appellation de « Déclaration de Windhoek sur le pluralisme et l’indépendance des médias ».
Malheureusement, l’évaluation, tous les ans de la liberté de la presse ne présente pas d’embellie. Cette évaluation ressemble depuis lors à une cérémonie funèbre dédiée aux journalistes. 2015, selon l’UNESCO ne déroge pas à la règle : « dans des dizaines de pays à travers le monde des publications sont censurées, condamnées, suspendues ou simplement n’ont plus le droit de paraître »
Quant aux journalistes on compte par plusieurs centaines, ceux qui sont menacés, harcelés, poursuivis, jetés en prison ou tout simplement abattus par balles, torturés à mort, ou portés disparus. Les auteurs de tels faits sont généralement des dirigeants peu soucieux de la liberté de presse, des individus ou des personnalités bénéficiant de solides appuis au sein des appareils d’Etat, des groupes mafieux, ou de narco – trafiquants, des terroristes.
C’est pourquoi la journée du 03 mai est aussi un moment d’interpellations des gouvernements afin qu’ils respectent les engagements pris au plan international et national quant à la garantie des libertés d’opinions, d’exercice du métier de journaliste et de la presse.
Le thème sous lequel est célébré la journée mondiale de la presse 2015 sonne à la fois comme un cri de lassitude face à ces atteintes sans répit contre la liberté de la presse et contre les journalistes. Mais il traduit l’espoir qu’à l’ère du numérique qui élargit davantage les espaces et supports de communication et d’information, ces violations récurrentes de la liberté de la presse seront à jamais relégués à une époque révolue.
« Laissez les journalistes prospérer ! Vers une meilleure couverture de l’information, l’égalité des sexes, et la sécurité à l’ère du numérique », tel est le cri de lassitude et d’espoir que lance l’UNESCO en cette célébration 2015 de la journée mondiale de la liberté de la presse.
Le thème national choisi par le Centre National de Presse Norbert Zongo est « Médias d’Etat ou de service public ? Etat des lieux et perspectives ! »
Les médias publics en effet, ont en 2014, fait la Une de l’actualité nationale. Les publics n’ont pas toujours eu leur compte dans les informations livrées par les médias d’Etat. C’est ce qui pourrait expliquer la destruction de matériels de la Télévision Nationale du Burkina Faso (TNB) et dans une moindre mesure de la Radio Nationale du Burkina Faso (RNB), lors du soulèvement populaire des 30 et 31 octobre.
Pourtant, les journalistes des médias publics, eux – mêmes avaient sonné l’alarme à maintes reprises en exprimant publiquement leur refus de voir les autorités en charge de la Communication, s’immiscer grossièrement dans le traitement des informations.
Le choix de ce thème est l’expression de la conviction du Centre national de presse Norbert Zongo que les médias de service public doivent sortir de l’ornière de la communication gouvernementale ou du pouvoir en place pour s’engager résolument à fournir aux citoyennes et citoyens du Burkina Faso, des informations fiables, indépendantes et crédibles. C’est une manière d’encourager les journalistes et animateurs des médias publics à s’engager résolument dans la défense et la protection de l’indépendance de la profession vis-à-vis des cercles de pouvoirs (politique, économique, financier, social…).
Au-delà des médias publics, le Burkina Faso célèbre cette Journée dans un contexte socio – politique marqué par une transition gouvernementale et politique. Le Burkina Faso n’enregistre pas en ce moment de journaliste tué ou emprisonné, dans le cadre de l’exercice de la profession, et ne souhaite pas que cela arrive. Mais le monde des médias se souvient qu’un des siens a été sauvagement abattu un certain 13 décembre 1998 à Sapouy. Il s’appelait Norbert ZONGO.
A ce jour, soit 17 ans après, les assassins et les commanditaires courent toujours. Les organisations professionnelles des médias, à l’instar de nombreuses organisations de la société civile et des partis politiques saluent la décision du gouvernement de ré-ouvrir le dossier Norbert Zongo. Elles espèrent que le dossier sera instruit conformément aux règles de droit et les coupables et les commanditaires traduits devant les tribunaux.
En 2014, quatre organes de presse ont été cambriolés, les outils de travail de journalistes emportés. A ce jour, les cambrioleurs ou prétendus tels courent toujours.
Au cours de l’insurrection populaire d’octobre 2014, de nombreux journalistes ont été violentés, soit par des forces de défense et de sécurité, soit par des prétendus manifestants et leurs matériels de travail confisqués et ou détruits.
Les journalistes des médias publics ont en 2014 mené des luttes contre les immixtions grossières et intempestives des autorités en charge du ministère de la Communication dans le traitement de l’information. Il s’en est suivi des sanctions contre certains journalistes.
En ce début 2015, certaines personnalités se sont laissé aller à des dérapages verbaux vis-à-vis des journalistes et l’on a enregistré un cas d’agression physique.
C’est dire que l’embellie attendue après l’insurrection populaire d’octobre 2015 n’est pas au rendez vous et les acteurs des médias attendent toujours l’arme au pied
Le Centre national de presse Norbert Zongo encourage et appelle tous les journalistes à plus de professionnalisme et invite les burkinabè à plus d’égard et de respect des animateurs des médias publics et privés dans l’exercice de leur profession.
Vive la Journée mondiale de la liberté de presse
Vive la liberté de presse.
Le Comité de pilotage du CNP – NZ