L’AJB entendu par le Ministère de l’Administration territoriale et de la Sécurité
Le 17 juillet 2013, le Président de l’Association des journalistes du Burkina (AJB) a été convoqué par téléphone par la direction des libertés publiques du Ministère de l’administration territoriale et de la sécurité (MATS).
L’objet de la convocation selon le directeur des libertés publiques « s’être associé à un syndicat pour organiser un sit-in de protestation contre les immixtions du ministère de la communication dans le traitement de l’information dans les médias publics ». Selon le directeur des libertés publiques, cet acte serait contraire aux articles 39 et 47 de la loi 10-92 portant liberté d’association au Burkina Faso.
En effet explique- t-il, une association et un syndicat ne sauraient se coaliser pour défendre une cause parce que cette coalition serait contre nature et interdite par les articles sus visés. En toute logique a-t-il conclu, l’AJB devrait être dissoute sans autre forme de procès.
Le Président de l’AJB a répondu que conformément à ses statuts et à ses objectifs, qui sont entre autres la défense des intérêts des travailleurs, la défense de la liberté d’expression et de presse, le respect des principes d’éthique et de déontologie, elle se devait et elle se doit d’être aux côtés des travailleurs des médias.
L’AJB s’interroge sur cette subite prise de conscience du ministère de l’Administration territoriale et de la sécurité et a rappelé qu’elle mène depuis 1998 un combat constant ponctué par des marches, des meetings et des déclarations pour que justice soit faite dans l’assassinat du journaliste Norbert ZONGO et ce aux côtés d’autres organisations de la société civile, de syndicats et de partis politiques, ce dans le cadre du Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques. Depuis 2008, l’AJB est membre de la Coalition contre la vie chère, un regroupement d’organisations syndicales et d’organisations de la société civile qui revendiquent de meilleures conditions de vie et l’élargissement des libertés pour les Burkinabè.
De 2007 à 2009, l’AJB a siégé aux côtés du SYNATIC sous la co-présidence du Conseil supérieur de la Communication et du ministère en charge du Travail alors dirigé par le Dr Jérôme BOUGOUMA, aujourd’hui ministre de l’Administration territoriale et de la Sécurité, pour l’élaboration de la convention collective des travailleurs de l’information.
L’AJB ne se souvient pas qu’il y ait eu des voix pour relever l’illégalité de ces activités.
De plus, l’AJB constate que dans ce pays, des organisations dites de la société civile comme la FEDAPBC (Fédération associative pour la paix avec Blaise Compaoré), les ABC (Amis de Blaise Compaoré), les « Tanties » de Blaise Compaoré mènent quotidiennement des activités politiques qui visent la prise du pouvoir d’Etat en désignant et en soutenant des candidats aux élections présidentielles.
Que fait le Ministère de l’Administration territoriale et de la Sécurité ?
L’AJB s’étonne que ce soit quelques instants après le succès du sit-in des travailleurs des médias publics organisé par le SYNATIC et soutenu par l’AJB que des velléités d’application sélective de la loi se réveillent à la direction des Libertés publics du MATS.
L’AJB dénonce cette convocation qui n’est ni plus ni moins qu’une tentative d’intimidation et de menace à peine voilées.
En tout état de cause, l’AJB soutient et continuera de soutenir toutes les causes justes qui épousent ses objectifs.
Fait à Ouagadougou, le 18 juillet 2013
Le Président
Jean Claude MEDA