Les périodes de fin d’année sont l’occasion propice de faire le bilan de l’année écoulée et de définir les activités de la nouvelle année. Le Centre national de presse Norbert Zongo ne déroge pas à cette règle. Son gestionnaire Abdoulaye Diallo que nous avons rencontré nous dresse dans l’interview qui suit, le bilan de l’année 2011 et les grands axes du programme de 2012 de la maison commune des journalistes burkinabè.
Présentez nous le Centre de presse
Abdoulaye Diallo : Le centre est né en 1998 dans le cadre d’un projet appelé “médias pour la démocratie” qui a été lancé par la Fédération internationale des journalistes. Les organisations professionnelles des médias de notre pays à savoir l’AJB (Association des journalistes burkinabè), le SYNATIC (Syndicat national des travailleurs de l’information et de la communication) et la SEP (Société des éditeurs de presse privée ndlr) se sont mis ensembles pour accueillir cette initiative. Le centre a été donc créé pour être un lieu de regroupement ou de rassemblement des journalistes pour discuter de leurs problèmes, des questions qui les concernent et de comment ils peuvent contribuer efficacement au renforcement de la démocratie. L’Etat burkinabè a donné ce bâtiment à ces organisations pour en faire le centre de presse, du vivant même de Norbert Zongo qui a été une personnalité forte de la naissance du centre. Le nom “Centre National de Presse Norbert Zongo” (CNP – NZ) a été donné le 29 janvier 1999 en hommage à Norbert Zongo qui est l’icône des journalistes au Burkina Faso et aussi une des personnes influentes qui ont permis au centre d’exister. On s’est donc dits, le meilleur geste que les journalistes pouvaient faire c’était de dédier leur maison à un confrère de ce niveau qu’est Norbert Zongo. C’est comme cela que le centre de presse est devenu Centre National de Presse Norbert Zongo le 29 janvier 1999.
Quelles sont les activités que mène le centre de presse ?
Le centre de presse mène plusieurs activités. Il y a un volet où le centre sert un peu de cadre de rencontres et d’échanges, organise des conférences, clubs de presse, des projections, débats ; tout cela avec la société civile, les hommes politiques en vue de donner plus d’informations aux journalistes et de créer aussi une sorte d’échanges sur les questions de libertés, démocratie et droits de l’homme. Le deuxième volet c’est de promouvoir la liberté de la presse et la protection des journalistes. C’est dans ce sens que nous faisons le plaidoyer pour améliorer les textes de lois et les conditions de travail des journalistes. Il faut que le journaliste se sente protégé pour faire correctement son travail.
Le troisième volet c’est le renforcement des capacités des journalistes à travers des plans de formations, la promotion de l’excellence avec le prix de la meilleure journaliste et le prix Norbert Zongo et aussi la promotion du métier de journaliste auprès des élèves et des femmes. Nous travaillons aussi à améliorer les entreprises de presse en matière de gestion et de marketing.
Enfin nous avons un volet renforcement des capacités opérationnelles non seulement des organisations, mais du centre lui- même. Un personnel qualifié, du matériel de qualité et aussi renforcer les capacités des organisations professionnelles des médias pour qu’ils puissent renforcer leurs membres.
L’année 2011 tire déjà sa révérence, quel bilan faites- vous de vos activités au niveau du Centre ?
C’est une fin d’année assez chargée. C’est vrai qu’on n’a pas pu faire le 13 décembre (date anniversaire de l’assassinat de Norbert Zongo ndlr) tel qu’on l’aurait souhaité, nous avons reporté l’idée de faire en partenariat avec Semfilms et le studio Abazon, ainsi que tous les autres partenaires impliqués dans l’idée de marquer le lieu de l’assassinat de Norbert Zongo ; mais on le fera dans le premier trimestre de 2012. Après cela nous avons essayé de boucler le programme de formation, c’est ainsi qu’on était à Fada et à Bobo de manière simultanée. A Fada nous avons formé les journalistes de sept villes de la région de l’est de même qu’à Bobo où nous avons réuni sept villes de la région de l’ouest. A Bobo la formation a porté sur deux modules : un sur le journalisme sportif et l’autre sur le journalisme en ligne. Ces deux formations mettent un terme au programme de formation pour 2011, maintenant nous allons élaborer un autre programme pour 2012.
« …le jugement des pairs fait plus mal… »
Nous avons aussi eu une sortie du SYNATIC à Koudougou les 27 et 28 décembre. L’idée c’est de regrouper tous les journalistes de la zone pour les former sur l’importance du syndicalisme dans le journalisme et aussi profiter renouveler les structures du SYNATIC. Nous travaillons aussi sur une évaluation du Centre de presse Norbert Zongo, c’est – à – dire que le programme actuel s’étale sur quatre ans (2009 – 2012). Comme 2012 est la dernière année du plan, nous avons pensé à faire une évaluation des trois années (2009 – 2011) : actions, impact pour tirer les leçons en vue de préparer le prochain plan d’action. On est aussi en train de travailler sur la mise en place de l’organisme d’auto- régulation des médias dès le premier semestre de l’année 2012. Une autre activité qui nous a beaucoup occupés en cette fin d’année c’est la désorganisation du FILEP (Festival international de la liberté d’expression et de presse ndlr).
En quoi va consister l’organisme d’auto- régulation des médias ?
L’organisme d’auto- régulation c’est le jugement des pairs. Le centre de presse est engagé dans un processus de plaidoyer depuis plusieurs années pour améliorer les textes et lois en matière de presse. Apparemment on a été entendu et le travail qui est en train d’être fait avec le CSC (Conseil supérieur de la communication) va dans le sens que le centre a suggéré ; à savoir dépénaliser les délits de presse, permettre une plus grande accessibilité des journalistes à l’information et aussi avoir des lois spécifiques sur l’audiovisuel et sur la publicité. Apparemment toutes ces propositions sont en train d’être prises en compte. Si tout se passe bien, une bonne partie du plaidoyer aurait atteint son objectif. Maintenant il restera à travailler sur le statut des entreprises de presse, mais à côté si la loi évolue, il faut qu’aussi au niveau des journalistes les choses évoluent. Même si on va dépénaliser, il ne faut pas que les journalistes se croient tout permis. C’est pourquoi nous allons mettre en place le jugement des pairs car cela fait plus mal. Quand on te dit que ton article n’a pas respecté les règles journalistiques, ni l’éthique et la déontologie, ça fait mal parce que ce n’est plus un Gouvernement qui vous juge mais c’est vos pairs. Cet organisme va rappeler à l’ordre tous les journalistes qui vont prendre des libertés avec les règles déontologiques, journalistiques et éthiques.
Les journalistes burkinabè sont-ils prêts pour la dépénalisation du délit de presse ?
C’est parce que nous sommes convaincus que les journalistes burkinabè sont assez responsables comparés à d’autres pays ; mais même si on a confiance, cela n’exclut pas qu’on suive et c’est pour ça que nous avons pensé à mettre cet organisme qui va suivre. Même si on dépénalise, il ne faut pas faire n’importe quoi.
Quelles sont les ressources que le centre de presse met à la disposition des journalistes ?
D’abord il y a le cyber où nous avons des tarifs préférentiels pour les journalistes, 100F l’heure. Ensuite il y a une bibliothèque très bien fournie en documents importants sur le journalisme et la culture générale mais aussi toutes les reliures de presse des événements qui se sont déroulés dans notre pays. Tout cela est mis à la disposition des journalistes. Les autres services ce sont les conférences, les projections. Le journaliste qui fréquente le centre pourra profiter de tous ces services.
Quelles sont les conditions à remplir pour en bénéficier ?
Il n’y a pas de conditions. Pour les journalistes c’est vraiment free. Tout regroupement de journalistes dès qu’ils veulent se réunir, il suffit de contacter le centre de presse et ils peuvent se réunir gratuitement. Ils accèdent au cyber moyennant une modique somme de 100F l’heure, les consultations et prêts à la bibliothèque sont gratuits.
Quel est le niveau de fréquentation du centre de presse Norbert Zongo ?
Avant le centre était beaucoup plus fréquenté par des étudiants en journalisme et communication, mais maintenant c’est un peu équilibré avec beaucoup de journalistes qui commencent à fréquenter le centre. Ils y trouvent leur compte avec le cyber, une bonne connexion, salle climatisée, une bibliothèque, une cafétéria où ils peuvent boire ou manger si nécessaire. Toute la journée ils peuvent travailler, se rencontrer entre journalistes ou d’autres personnes. Depuis que toutes ces conditions sont réunies, on a beaucoup plus de journalistes qui fréquentent le centre.
Interview réalisée par Koundjoro Gabriel Kambou